Lieu de Soutenance de la Thèse : Amphithéâtre du Centre des Technologies du logiciel (CTL), 7 allée de Palestine, 38610 Gières
Se distinguant des expressions émotionnelles qui sont innées et déclenchées par un contrôle involontaire du locuteur au sein d’une communication face-à-face, les affects sociaux émergent plutôt de manière volontaire et intentionnelle, et sont largement véhiculés par la prosodie audio-visuelle. Ils mettent en circulation, entre les interactants, des informations sur la dynamique du dialogue, la situation d’énonciation et leur relation sociale. Ces spécificités culturelles et linguistiques de la prosodie socio-affective dans la communication orale constituent une difficulté, même un risque de malentendu, pour les apprenants en langue étrangère (LE) et en langue seconde (L2).
La présente thèse se consacre à des études intra- et interculturelles sur la perception de la prosodie de 19 affects sociaux en chinois mandarin et en français, ainsi que sur leurs représentations cognitives. Son but applicatif vise l’apprentissage de la prosodie des affects sociaux en chinois mandarin et en français LE ou L2.Le premier travail de la thèse consiste en la construction d’un large corpus audio-visuel des affects sociaux chinois. 152 énoncés variés dans leur longueur, leur morpho-syntaxe et leur représentation tonale sont respectivement produits dans les 19 affects sociaux. Sur la base de ce corpus, sont examinées l’identification et les confusions perceptives de ces affects sociaux chinois par des natifs, des français et des vietnamiens (comme groupe de référence), ainsi que l’effet du ton lexical sur l’identification auditive des sujets non natifs. Les résultats montrent que la majorité des affects sociaux chinois est perçue de manière similaire par les sujets natifs et les sujets non natifs, cependant certains décalages perceptifs sont également observés. Les tons chinois engendrent des problèmes perceptifs des affects sociaux autant pour les vietnamiens (d’une langue tonale) que pour les français (d’une langue non tonale). En parallèle, une analyse acoustique permet de mettre en évidence les caractéristiques principales de la prosodie socio-affective en chinois et d’étayer les résultats perceptifs.Ensuite, une étude sur les distances conceptuelles d’une part, et psycho-acoustiques d’autre part, entre les affects sociaux est menée auprès de sujets chinois et de sujets français. Les résultats montrent que la plupart des connaissances sur les affects sociaux sont partagées par les sujets, quels que soient leur langue maternelle, leur genre ou la manière de présenter les affects sociaux (concept ou entrée acoustique).Enfin, le dernier chapitre de la thèse est consacré à une étude contrastive sur la perception multimodale des affects sociaux en chinois et en français LE ou L2. Il est constaté que la reconnaissance des affects sociaux est étroitement liée aux expressions elles-mêmes et à la modalité de présentation de ces expressions. Le degré d’acquisition de la langue cible du sujet n’a pas d’impact significatif sur la reconnaissance, dans le cadre restreint des niveaux étudiés.