Membres du jury :
La mise à disposition massive de documents via Internet (pages Web, entrepôts de données, documents numériques, numérisés ou retranscrits, etc.) rend de plus en plus aisée la récupération d’idées. Malheureusement, ce phénomène s’accompagne d’une augmentation des cas de plagiat. En effet, s’approprier du contenu, peu importe sa forme, sans le consentement de son auteur (ou de ses ayants droit) et sans citer ses sources, dans le but de le présenter comme sa propre œuvre ou création est considéré comme plagiat. De plus, ces dernières années, l’expansion d’Internet a également facilité l’accès à des documents du monde entier (écrits dans des langues étrangères) et à des outils de traduction automatique de plus en plus performants, accentuant ainsi la progression d’un nouveau type de plagiat : le plagiat translingue. Ce plagiat implique l’emprunt d’un texte tout en le traduisant (manuellement ou automatiquement) de sa langue originale vers la langue du document dans lequel le plagiaire veut l’inclure. De nos jours, la prévention du plagiat commence à porter ses fruits, grâce notamment à des logiciels anti-plagiat performants qui reposent sur des techniques de comparaison monolingue déjà bien éprouvées. Néanmoins, ces derniers ne traitent pas encore de manière efficace les cas translingues. Cette thèse est née du besoin de Compilatio, une société d’édition de l’un de ces logiciels anti-plagiat, de mesurer des similarités textuelles sémantiques translingues (sous-tâche de la détection du plagiat).
Après avoir défini le plagiat et les différents concepts abordés au cours de cette thèse, nous établissons un état de l’art des différentes approches de détection du plagiat translingue. Nous présentons également les différents corpus déjà existants pour la détection du plagiat translingue et exposons les limites qu’ils peuvent rencontrer lors d’une évaluation de méthodes de détection du plagiat translingue. Nous présentons ensuite le corpus que nous avons constitué et qui ne possède pas la plupart des limites rencontrées par les différents corpus déjà existants. Nous menons, à l’aide de ce nouveau corpus, une évaluation de plusieurs méthodes de l’état de l’art et découvrons que ces dernières se comportent différemment en fonction de certaines caractéristiques des textes sur lesquelles elles opèrent. Ensuite, nous présentons des nouvelles méthodes de mesure de similarités textuelles sémantiques translingues basées sur des représentations continues de mots (word embeddings). Nous proposons également une notion de pondération morphosyntaxique et fréquentielle de mots, qui peut aussi bien être utilisée au sein d’un vecteur qu’au sein d’un sac de mots, et nous montrons que son introduction dans ces nouvelles méthodes augmente leurs performances respectives. Nous testons ensuite différents systèmes de fusion et combinaison entre différentes méthodes et étudions les performances, sur notre corpus, de ces méthodes et fusions en les comparant à celles des méthodes de l’état de l’art. Nous obtenons ainsi de meilleurs résultats que l’état de l’art dans la totalité des sous-corpus étudiés. Nous terminons en présentant et discutant les résultats de ces méthodes lors de notre participation à la tâche de similarité textuelle sémantique (STS) translingue de la campagne d’évaluation SemEval 2017, où nous nous sommes classés 1er à la sous-tâche correspondant le plus au scénario industriel de Compilatio.