Jean Bézivin est actuellement professeur émérite d’informatique à l’Université de Nantes où il a enseigné depuis 1988. Il a obtenu un DEA d’informatique à l’Université de Grenoble en 1970, une thèse de 3ème cycle en 1975 et une HDR en 1987 à l’Université de Rennes 1. Il a été assistant de recherche en 1973 à Queen’s University de Belfast (Irlande du Nord) et en 1974 à Concordia University de Montréal (Canada). Il a mis en place à l’Université de Nantes un Master spécialisé sur la technologie des objets. Il a dirigé une équipe de recherche commune à l’INRIA et à l’Ecole des Mines de Nantes sur la transformation de modèles. Ses principales activités de recherche ont porté sur le génie logiciel et plus particulièrement sur la programmation concurrente, la simulation à événements discrets, la programmation par objets et l’ingénierie des modèles. Il a été à l’origine de plusieurs conférences du domaine comme ECOOP, TOOLS, MODELS et ICMT.
Il y a moins de cinquante ans le "génie logiciel" était proposé pour faire face à certains grands défis nés de la complexité des systèmes. Après avoir essayé de nombreuses solutions allant jusqu’à l’ingénierie dirigée par les modèles ou les approches agiles, il faut bien constater aujourd’hui que la réussite complète n’est pas au rendez-vous. Pour prendre en compte l’augmentation exponentielle des besoins en logiciels applicatifs dans les prochaines décennies, il est nécessaire d’envisager des innovations de rupture. Quelques pistes seront proposées dans l’exposé autour de la complémentarité entre les ingénieries de domaine et les ingénieries de support. L’informatique est aujourd’hui présente dans toutes les ingénieries de domaine qu’elles soient anciennes comme le génie civil ou le génie électrique ou qu’elles soient nouvelles comme le génie biologique. De plus des similarités très fortes apparaissent entre celles-ci (relation produit/processus, cycle de modélisation, vérification, mise en fabrication et déploiement, etc.) et il est probablement possible de tirer parti de ces synergies de domaines. En ce qui concerne les ingénieries de support, on en a une vision plus claire qui permet non pas de les opposer, mais de profiter de leur complémentarité. On peut ainsi redessiner une cartographie d’enseignement et de recherche où figurent les ingénieries de langages, de services, de modèles, de programmation, de systèmes, de données, de processus, de gestion de produits, de gestion d’équipes, etc. Dans cette nouvelle organisation des ingénieries de domaine et des ingénieries de support, le génie logiciel pourrait retrouver sa place centrale, en s’appuyant sur les bonnes expériences du passé, mais surtout en offrant une nouvelle vision de l’économie du numérique : non seulement devenir l’industrie du futur, mais aussi le futur de l’industrie.